JOHN COLTRANE
A LOVE SUPREME
Live In Seattle
Quel pari risqué que d’écrire ne serait-ce qu’une ligne à
propos de Coltrane. Faire une bafouille pour évoquer un enregistrement d’un tel
monument, c’est audacieux. Mais alors, si en plus, il s’agit d’un live
reprenant l’un des plus grands disques de jazz de tous les temps, c’est
carrément de l’inconscience. Coltrane est alors à son firmament. A Love Supreme
est sans doute à compter parmi les merveilles du monde. Mais sa réinterprétation,
présentée ici, est… meilleure ? Moins bonne ? Allez… J’ai trouvé.
Différente. Moins stellaire, moins stratosphérique. Ici, on joue du jazz, là où
A Love Supreme négocie avec le divin. D’ailleurs, les thèmes sont devenus parcellaires,
voire à peine évoqués. A la place, naissent des improvisations rêches, et par
endroits, un brin convenu. Vraiment ? Hé bien, à vrai dire, c’est plus
compliqué que cela. Le principal défaut de ce disque, c’est sa prise de son.
Vraiment pas terrible. Certes, il s’agit donc là d’un document plutôt que d’autre
chose, sauf que justement, le son est tellement étouffé, tellement approximatif
qu’il est parfois délicat de juger de la qualité des interventions des uns et
des autres, je ne vais en tout cas pas m’y risquer. C’est sur la première et la
dernière face que l’on retrouve donc les traces de l’œuvre magistrale de Trane,
entre les deux, les improvisations se multiplient, mais de fait, il y a une
distance qui laisse sur le bas-côté. Non que les musiciens ne soient pas
dedans, au contraire, forcément… Vous avez vu le line-up ? Outre Coltrane,
on y trouve Tyner, Garrison, Elvin Jones, Pharoah Sanders, Carlos Ward, et
Garrett. Un tel vertige ce band, que je ne vais certainement pas m’amuser à en
dire du mal. D’ailleurs, cela me serait bien délicat de le faire car, si on
perçoit plus ou moins Tyner, que Elvin Jones est très en avant, il est, pour le
reste, délicat de reconnaître les uns et les autres. Oui, bien entendu que l’on
reconnaît le Trane, mais c’est à peu près tout. Il y a quelques années, une
réédition d’A love supreme avait permis de publier un Live, aux qualités
sonores bien supérieures. Ce Live In Seattle est probablement meilleur
musicalement, du moins c’est ce qui me semble, mais le prise de son peine
tellement à faire décoller l’ensemble qu’il faut parfois tendre l’oreille pour
entendre quelque chose. Et franchement, c’est dommage. Voilà, aujourd’hui, je
ne fais pas de figure de style, je ne m’amuse pas avec les mots, car j’avais
envie d’évoquer sobrement un enregistrement raté, suite à une prise de son médiocre,
mais qui aurait sans doute mérité bien mieux. Coltrane ne sort ni grandi, ni amoindri,
il reste Coltrane. Quant à l’auditeur, il peut avoir envie d’écouter ce
témoignage, mais honnêtement, d’un point de vue purement musical, il peut
largement faire sans. Parfois, l'inconnu vaut mieux que tout autre chose.
J'ai hésité à l'acheter cet album. Mais devant les nombreux retours sur la qualité moyenne de la prise de son, j'ai préféré renoncer. D'autant que j'ai un CD d'un enregistrement de Love Supreme en Live à Antibes en 1965 qui suffit à mon bonheur !
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